Covoiturage vers GAZO
Le 02/12/22
Un rappeur, c’est avant tout une voix. Celle de Gazo est à l’image du personnage : éraillée, grave, et menaçante. Elle est aussi l’une des plus en vue de la vague drill française, sous-genre rap qui a tout ravagé sur son passage dans l’Hexagone en 2020, et qui a vu une nuée de jeunes rappeurs tenter de s’y faire un nom. Pourtant, comme le dit Gazo sur son titre Inceste : « Depuis la drill j’ai eu beaucoup d’enfants / Mais les baiser serait de l’inceste ». Le décor est planté, et est prêt à accueillir sa nouvelle mixtape, sobrement intitulée «Drill FR». Limpide, comme pour montrer qu’en nos contrées, cette musique est sienne.
Car le natif de Paris n’a rien d’un débutant. Même si son nom a commencé à retentir en 2019 avec les premiers pas de son label BSB, cela fait quinze ans que le rap rythme sa vie et celle de ses potes, ses « gazos » comme il les appelle, et avec qui il vole en essaim dans les rues de Saint-Denis depuis sa prime adolescence. Son premier texte, il l’a écrit en cours au dos d’une feuille de contrôle, comme pour montrer que son apprentissage de la vie ne se ferait pas dans les salles de classe, celles-là même qu’il quittera définitivement à l’âge de 12 ans. De là, c’est à la dure qu’il s’instruit. Dans la rue, et dans les studios où il passe ses nuits, animé par le besoin de créer et par la nécessité.
Aujourd’hui, Gazo a 26 ans, et tout son passé hante sa musique. Ce qui frappe également, c’est son aisance et sa singularité, toutes deux acquises en travaillant sa technique, notion que beaucoup de nouveaux venus ont tendance à délaisser. La pratique des différentes écoles du rap lui a permis de s’ouvrir des perspectives sonores, d’être plus libre musicalement. Car si la drill est sa musique de prédilection, Gazo est également obsédé par la mélodie, avec tout le perfectionnisme et le savoir-faire que cela sous-entend.